Dans le cadre de son projet « Par là Paris », le collectif L’aiR Nu (Littérature Radio Numérique) organise, en collaboration avec les mairies d’arrondissements, des déambulations littéraires appelées « Bulles d’aiR » menées par Anne Savelli et Joachim Séné suivies d’ateliers d’écriture. S’y ajoute le projet Jacqueline où des Parisien.ne.s racontent leurs souvenirs de Paris L’idée est de réaliser un plan numérique de Paris qui propose pour chaque lieu surligné, les extraits sonores des textes écrits par les participants, des morceaux choisis de la littérature classique ou contemporaines lus par Anne et Joachim, ou encore des photos. « Par là Paris », c’est Par ici

Le mardi 19 août, nous démarrons de la bibliothèque Vaclav Havel, Esplanade Nathalie Sarraute dans le 18e pour arriver à la Bibliothèque Hergé, rue du Département dans le 19e et le mercredi 20 août, nous faisons le contraire. Nous accompagnent, lus tout au long des balades par Anne et Joachim, et sélectionnés par leurs soins, des extraits de Ici, de Nathalie Sarraute, Allo la Place de Nassera Tamer, L’invention de Paris de Eric Hazan, Sido de Colette, Stations (entre le lignes) de Jeanne Sautière, Notre vie n’est que mouvement de Lou Sarabdzic, Especes d’espaces de Georges Perec, Le piéton de Paris de Léon-Paul Fargue, pour n’en citer que quelques-uns.
Bulle d’aiR du 19 août 2025
Jardin d’Éole – Chasse aux plantes, abeilles solitaires, le Trèfle d’Éole, jardin partagé petit coin de paradis, un enclos avec des chèvres. Je pense au livre acheté ce matin à la librairie du Canal, rue Eugène Varlin, « Toi » de Hélène Gestern. Elle y raconte son amour pour son chat récemment décédé. Dès les premières lignes les larmes me viennent. Je regarde les chèvres, je me demande ce qu’elles mangent. Le sol me paraît jonché de copeaux de bois. Pourtant, elles broutent, non ? Ce midi en terrasse, j’ai donné des miettes aux pigeons. Je suppose qu’on ne peut pas comme à Bruxelles. Jardin d’Éole, des hommes agglutinés, origine asiatique ou africaine. Je pense à la chanson de Patrick Juvet « Où sont les femmes ? ». Il y a des grilles comme dans un zoo. Rue d’Aubervilliers – une camionnette de location Europ Car « Move your home » dit le slogan. Un peu plus loin arrêt « Maroc » du bus 45. La maison d’artistes « Le grand parquet », désolée en ce mois d’août. « Barber Prestige ». Encore des hommes agglutinés. Parfois on se sent observé. Sacs poubelles « Ensemble rendons Paris propre » dit le slogan. Je pense à l’organisme qui gère la collecte des déchets qui s’appelle « Bruxelles Propreté ». Parfois je l’appelle Bruxelles saleté.
Version sonore: Livre et Jardin d’Éole


Anne Savelli et Joachim Séné
Bulle d’aiR du 20 août 2025
En direction du jardin d’Éole, nous traversons le Passage Goix. J’y rencontre Mika, un chat de dix ans souffrant d’arthrose. Sa propriétaire tente de le faire marcher mais il demeure immobile, droit et fier, savourant l’admiration dont il l’objet. Perec nous rappelle sa vision de la notion de quartier que j’élargis au quartier de travail. Je fréquente le mien depuis plus de trente ans et je m’en tiens à l’écart dans le quartier où je vis. La fratarèle, la sarcolinette, la gordalone, la percatole dentelée de Maryse Hache nous entraînent dans le Jardin d’Éole pour une danse temporelle avec Colette dans ses jardins de Bourgogne. Rue d’Aubervilliers j’aperçois le mot « NAKE » tagué sur un mur. Aucune idée évidemment de ce qu’il signifie. Sous une façade de maison peinte en trompe l’œil, dans un coin, des fauteuils, des caisses constituent une sorte de maison de rue. Un restaurant « La corne de l’Afrique » puis au coin rue Riquet rue Pajol la brasserie « Nord Nord », le « Coq doré » « Fenua Ceramics. Bienvenue au « Budget Bazar Dubaï »
Version sonore : Trompe l’oeil


Anne Savelli

























































