Un bar à vin sympa, vous entrez il n’y a personne, il est encore tôt, 18h un jeudi soir, tu ne connais pas ce bar, vous êtes seules ta fille et toi, elle t’a proposé deux bars, le Jane’s et chez Franz, tu choisis le Jane’s, pourquoi ? Jane t’inspire-t-elle plus que Franz ? Le Jane’s un bar anglais peut-être, Jane… quelle Jane t’inspire ? Quel Franz ne t’inspire pas ? Aucune idée, tu te laisses guider par ton intuition, il n’y a personne encore, un homme au bar qui semble connaître la serveuse, ou est-ce la patronne, est-ce elle, Jane ? peut-être une autre fois tu lui poseras la question, peut-être Jane n’existe-t-elle pas réellement et est-elle juste une évocation, rien de particulièrement british dans ce bar, design et vintage, un peu bobo.

Petit à petit il se remplit, que cherchent-ils les gens, se demandent-ils aussi qui est Jane ou peut-être la connaissent-ils, se disent-ils aussi comme elle qu’ils sont entourés de gens dans un bar, comme avant, que l’insouciance et la légèreté sont revenues, que ça rassure dans la ville d’avoir des gens autour de soi, même si on ne les connaît pas, ça rassure de se dire qu’on partage des préoccupations, de se dire qu’eux aussi sans doute ils ont envie de penser à autre chose, que la peur ne sert à rien, cette lumière tamisée comme un peu hors du temps, être dans l’instant présent et pourtant hors du temps, vous êtes bien, vous parlez, tout coule de source,

de cette source qui s’en revient chaque année de sa force vive abreuver et remettre la nature en mouvement, cette nature partout présente dans ta ville et cette lumière qui filtre et scintille entre les feuilles naissantes, le soleil a l’ingéniosité de venir illuminer chacune d’elle, fait écho à la lumière du bar comme une pulsation, comme un va-et-vient, de ces deux lumières tu te nourris, tu crois parfois devoir faire un choix.


















