Magenta

Jour 26 – Certains jours sortir de la ville, traverser un rideau de grisaille et de pluie, pour arriver à une autre ville, tout aussi grise et pluvieuse, déjà du monde à l’arrivée, les gens font leurs courses pour le long week-end de Pâques,  ne plus avoir d’autre recours que les couleurs engrangées, tout au long du voyage, les couleurs thésaurisées pour les jours de disette, du rose, du fuchsia, une orchidée fuchsia, pourquoi pas,  la ville semble aimer le rose, être tirée de sa lecture un matin tôt dans le tram par le manteau magenta d’une femme, se demander si elle a choisi cette couleur uniquement parce qu’elle aime le magenta ou si elle le porte aussi pour illuminer la ville.

La ville en rose

Du rose dans cette grisaille qu’est parfois la ville. Isoler des îlots de rose. Cette femme qui porte des bottes roses dans un quartier de bureaux, peut-être voit-elle la ville en rose ? Cette femme qui prend le métro, qui part en voyage avec sa valise rose, voit-elle la ville en rose ? Et cette autre femme aux baskets rose fuschia ? Que nous dit le rose dans la grisaille de la ville ? L’idée de ne pas avoir envie de s’y fondre, de s’en démarquer, l’idée de la conjurer, cette grisaille poisseuse qui depuis quelque temps colle à la peau ?