Tôt le matin, tables et chaises sont désertes. Décor urbain à souhait, tuyauterie d’aération, structures métalliques et briques nues. Vue sur rue embouteillée. À peine quelques personnes, en avance pour une réunion peut-être. Mais en général pas le temps de s’attarder, café et croissant à emporter. Chaises et tables colorées au coin de la rue.


Les cafétérias où se rendaient Lovecraft et ses amis à New York en 1925 comme le relate François Bon dans son projet #Lovecraft 1925, m’ont fait penser à celles que j’ai pu fréquenter dans ma vie alors que pourtant il n’y a rien de commun entre les unes et les autres. Chose qui certainement n’intéressera que moi.
La définition que nous en donne le Larousse en ligne est celle d’un « établissement généralement implanté dans un lieu de passage (centre commercial ou administratif, ensemble de bureaux, université, etc.), où l’on peut consommer des boissons, se restaurer, souvent en libre-service » tandis que le Oxford Dictionary nous dit : « a restaurant where you choose and pay for your meal before you carry it to a table. Cafeterias are often found in factories, colleges, hospitals, etc. ». Définitions similaires de part et d’autre de la Manche. Par contre, outre-Atlantique, le Merriam-Webster nous donne une acception plus générale du terme, à savoir qu’une cafétéria est un « restaurant in which the customers serve themselves or are served at a counter and take the food to tables to eat ». Cette définition donne en effet à penser que ces restaurants ne se situent pas nécessairement dans des entreprises ou des écoles mais que du temps de Lovecraft et plus tard aussi de tels établissements permettaient de se restaurer à moindre prix.
Les cafétérias n’ont jamais été des lieux particulièrement agréables, ni désagréables non plus du reste. A tel point, peut-être, qu’il m’est difficile de m’en souvenir. Des lieux à la décoration passe-partout, mobilier fonctionnel, rien qui attire le regard ou donne envie de s’attarder. Ce n’est pas le but, me direz-vous.


Quoique. On n’est pas censé y rester trop longtemps. Les critiques fusaient autrefois sur celui ou celle qui « passe son temps à la cafèt’ ». Le paradoxe est là, ne pas traîner à la cafèt’ mais s’y sentir bien quand même. Les cafétérias récemment aménagées, dans le contexte du « well-being at work » n’ont plus rien à voir avec leurs consoeurs d’un passé pas si éloigné que ça. Ici, intégration parfaite dans le lieu, panneaux muraux en bois composés de hautes lamelles verticales, des lampes suspensions formées également de lamelles en bois, hautes baies vitrées, tout rappelle la verticalité de la ville.
Mobilier en bois design, fauteuils et poufs en tissu, étagères, livres, tapis formés d’hexagones de tissu des mêmes couleurs que les canapés qu’on assemble comme un puzzle, c’est un lieu de convivialité, de travail et de détente. On aurait presqu’envie d’y rester, plongé dans le quartier, regarder la ville défiler.

