Te dire que tu habites la ville et pourtant tu es comme en dehors comme tu pourrais te dire que tu es dans la vie et pourtant tu te sens comme en dehors, oui mais quelle vie, celle de tout ce grouillement qui déferle dans les rues quoique, oui, mais ça c’était avant… est-ce que ça déferle encore ? Provisoirement tu n’es plus là pour le voir. Pourtant, il semble que tout revienne à la normale. « Avant », « la normale », de quoi parle-t-on ? Y a-t-il une vie meilleure qu’une autre ? La vie c’est la vie, elle est. Point. Elle n’a rien demandé à personne. Tu es dans ta vie. Peut-on choisir de se retirer du déferlement ? Tu as eu la possibilité de faire ce choix-là. Tu es dans la ville et pourtant en dehors. Chaque matin tu vois ces deux bâtiments, l’un récemment revêtu de lattes de bois qui sous ces latitudes pluvieuses fait déjà grise mine, l’autre blanc lumineux avec ses vitres comme des miroirs, ces deux bâtiments qui avant n’y étaient pas, une large avenue passe en contre-bas mais tu ne la vois pas grâce aux jardins qui font tampon. Tu entends la rumeur du trafic et des trams qui passent, étouffée par la végétation. Entre les deux et de l’autre côté de l’avenue, un vieux bâtiment gris aux vitres roses qui te fait penser à un bunker. Tu aimes regarder ces bâtiments chaque matin depuis ta large baie vitrée, tu aimes regarder ces jardins, tu es dans la ville et tu es comme en dehors.
La ville mais comme en dehors
Publié par
Catherine Koeckx
Citadine depuis toujours, avec Itinéraires pluriels, je partage mon exploration photographique et littéraire de la ville (voir aussi Instagram: @itineraires_pluriels). Il y a la nature aussi, l’aquarelle, les médias mixtes (@catherine_koeckx_art). En 2021, j'ai publié Le Guide lovecraftien de Providence (disponible sur Amazon ou commande privée à catherine.koeckx@gmail.com). En 2023, j'ai publié Dedans la Ville aux Editions Novelas. Voir tous les articles par Catherine Koeckx