Le rue Marie-Thérèse se trouve juste en face du 27, rue Joseph II que j’ai évoqué récemment dans l’article Réhabilitation. Normal sans doute qu’on ait mis mère et fils ensemble. J’ai découvert la rue Marie-Thérèse il y a environ un an et j’ai eu envie d’y retourner cette semaine, voir si le n° 100 a changé. Mais d’abord les coquelicots. Des coquelicots dans la ville je n’en ai pas encore vu souvent, encore moins au pied d’un arbre en pot, mais s’il y ont élu domicile c’est qu’ils savaient qu’ils y seraient bien. Une rue proprette, la nature s’y sent chez elle. De jolis bacs bien entretenus sur les appuis de fenêtres, d’autres plus foisonnants, plus bohême, une rue calme, en apparence sans histoire, contraste avec l’animation du quartier de bureaux tout à côté.






La rue descend et nouveau contraste quand on arrive aux numéros 98-100-102. Un site dans un délabrement avancé. L’année dernière la cour était jonchée de débris semblant provenir de l’intérieur des bâtiments, comme dans une ébauche de travaux de rénovation, mais un an plus tard rien n’a changé. L’ensemble a été commandité par le Dr Jean Verhoogen, éminent professeur de chirurgie à l’Université Libre de Bruxelles et fondateur de la Société belge de chirurgie, désireux d’ouvrir sa propre clinique, suivant ainsi une tendance qui a vu le jour au début du XXe siècle d’édifier des cliniques privées pour une clientèle disposant de plus de moyens que celle des hôpitaux privés. Le bâtiment principal de style néo-classique (n°100-102) déjà existant (1907) a été réaménagé en 1909 par l’architecte Jean-Baptiste Dewin, spécialiste de l’architecture hospitalière du début du XX e et son annexe (n° 98) entièrement réalisée par lui en 1921. Qui sait encore aujourd’hui que c’est dans cette clinique qu’est décédé en 1921 un des plus grands peintres belges, le Maître du symbolisme, Fernand Khnopff ?



Après la mort de Jean Verhoogen, le lieu a été converti en hospice pour finir en 2012 dans une sombre et nébuleuse affaire de domiciliations fictives et logements illégaux, trafic de drogue, etc, avec, cerise sur le gâteau en 2013, un locataire du lieu, ancien employé de la commune licencié pour détournement de fonds retrouvé mort dans la cave du 102. En 2020, le collège des échevins de la commune bruxelloise de Saint-Josse-ten-Noode a, semble-t-il, rendu un avis favorable pour le classement du site.
Alors, sans histoires la rue Marie-Thérèse ?



Sources :
Muriel Muret, Bruxelles-Patrimoines, n°010, Printemps 2014
La DH/ Les sports (quotidien belge)
Comité des travaux historiques et scientifiques : https://cths.fr/an/savant.php?id=4922#