Décider d’aller au centre-ville en train, presqu’une aventure puisque tu ne le prends que rarement, tu as réservé ton billet à 2,50€ sur internet, la petite gare près de chez toi ne compte que deux voies, la voie 2 où tu embarques se rejoint par un tunnel dont les parois sont couvertes de tags. Passées quelques gares de périphérie, le train aborde la gare du Midi où débarquent les passagers qui se rendent dans les quartiers administratifs, pour s’engouffrer ensuite dans un tunnel qui traverse la ville du Sud au Nord, on l’appelle la jonction Nord-Midi, tu es dans ses entrailles comme dans un monde parallèle, le wagon comme une bulle en isolement, rien de bien original puisque tu prends le métro, mais le train avec tout ce qu’il représente de l’ailleurs est un monde en soi, sur les quais les passagers semblent dans une autre réalité, hors de portée, et toi-même aussi quand tu aperçois ton reflet dans la vitre, tu as l’impression que si tu tends la main tu passeras au travers de leur corps. Tu descends gare du Nord, tu t’attardes sur le quai, les horizontales et les verticales t’appellent, les points de fuite t’attirent, les câbles d’électrification, les tours de verre qui découpent le ciel bleu azur, tu as choisi ce jour pour le bleu aussi, tu arrives au bout du quai et tu te dis que jamais les gens ne vont jusque là, où les voies convergent, après c’est l’inconnu.



